La fascinante histoire du ticket de caisse

 
 

A l’heure de la digitalisation et de la disparition programmée du ticket de caisse papier, Mangoo ID s’est penché sur son histoire, intimement liée à celle de la caisse enregistreuse. 

 

De la caisse enregistreuse au ticket de caisse

A la fin des années 1880, après la Guerre de Sécession américaine, les États-Unis connaissent un essor important du commerce. Afin de satisfaire les clients et accélérer les paiements, de nombreuses recrues furent embauchées, augmentant par la même occasion les risques d’erreurs et de vol. En effet à cette époque il n’existait aucun moyen fiable d’enregistrer les ventes journalières.

C’est à Dayton dans l’Ohio, que James Ritty, propriétaire de saloon, se pencha sur la question, et inventa la première caisse enregistreuse, inspirée lors d’un voyage en bateau à vapeur vers l’Europe en 1878.  Sur le bateau il découvrit un mécanisme capable de compter les tours d’hélices du bateau. Il se demande si un mécanisme similaire ne pourrait pas être appliqué au saloon afin de garder la trace des paiements. C’est l’apparition de « The Incorruptible Cashier », premier modèle de caisse enregistreuse de l’histoire dont le brevet fut déposé le 4 novembre 1879. Les sommes payées par les clients étaient affichées tandis qu’un mécanisme interne similaire à celui comptabilisant les mouvements d’hélice du bateau, additionnant les transactions. 

 

La Caisse Incorruptible de Ritty, le premier modèle de caisse enregistreuse de l’histoire. Photo: National Museum of American History.

Ce premier modèle ne comportait pas  de tiroir et on ne pouvait pas délivrer de reçus aux clients.  Ritty fit produire sa caisse enregistreuse dans le but de la vendre, néanmoins le succès ne fut pas au rendez-vous. Il n’en vendit qu’une poignée d’unités à un certain John Henry Patterson, qui possédait un commerce de charbon à Coalton dans l’Ohio.


Préférant la gestion de son saloon, James Ritty vendit sa société à Jacob H. Eckert qui rebaptisa l’entreprise « National Manufacturing Company » en 1881. 

Eckert modernisa la caisse en lui ajoutant un tiroir et en améliorant le son de la cloche qui se faisait entendre lorsqu’un vendeur enregistrait une transaction. Cette cloche avait notamment pour but de prévenir le propriétaire du commerce qu’un achat était en cours et attirait sa vigilance afin de prévenir les risques de vol de la part du personnel. 

Cependant les caisses enregistreuses étaient encore mal connues et difficiles à vendre. Eckert finit par céder à son tour sa société à John H. Patterson en 1884 qui lui donna le nom de « National Cash Register Company », plus connue aujourd’hui sous le nom de NCR. Oui, oui, NCR, cette même société qui vend aujourd’hui… des caisses.

 

Pour prévenir la fraude, Patterson ajouta un rouleau de papier et un mécanisme d’impression pour éditer des tickets à chaque transaction : un pour la comptabilité et un autre pour le client : Le ticket de caisse était né.

Ancien ticket de caisse du Printemps à Paris


Le ticket de caisse

Usage

Les usages des consommateurs vis à vis du ticket de caisse — c’est à dire concrètement ce que les consommateurs font de leurs tickets de caisse — se répartissent en quatre grandes catégories :

Du fait de sa grande utilité, le ticket de caisse s’est rapidement généralisé à l’échelle mondiale. Aujourd'hui, l'ensemble des commerces du globe fournissent un ticket de caisse pour chaque vente réalisée. Cependant leur format a bien évolué depuis son invention.

Evolution des technologie pour les tickets de caisse

Il ne fut d’abord qu’un bout de papier avec un peu d’encre. L’impression étant lente, il a fallu beaucoup d’innovations pour passer successivement d’une impression lente et mécanique à une impression matricielle, plus rapide mais qui nécessite toujours de l’encre. 

 Il faudra attendre 1969 et la collaboration de NCR et 3M pour inventer et mettre sur le marché la toute première imprimante thermique. Le papier n’est plus un simple papier sur lequel on projette de l’encre. Il s’agit d’un papier traité qui permet, lorsqu’il est chauffé de noircir à l’endroit précis ou l’élévation de température a eu lieu. Résultat : Il devient alors possible d’imprimer des tickets de caisse en chauffant le papier au lieu d’utiliser de l’encre. Les avantages sont immenses : rapidité, moins de bruit et moins de consommables car pas d’encre à utiliser en plus du papier.

Bien que très avantageuse pour les retailers, cette technologie a pour défaut principal de rendre les tickets fragiles. S’ils sont chauffés par une autre source que l’imprimante, ils noircissent et peuvent devenir illisibles. Par ailleurs, même conservés dans d’excellentes conditions, l’impression peut s’estomper avec le temps et le ticket de caisse devient alors illisible et donc inutilisable.

La digitalisation du ticket de caisse

Marquée par la numérisation, la fin du XXe siècle verra non seulement l'évolution des caisses sur ordinateurs mais posera également la question de la digitalisation des tickets de caisse. Mais ce seront d’abord des initiatives portant en faveur d’enjeux écologiques et de santé publique qui l'inscriront petit à petit vers l'obsolescence. 

 

En effet, le papier thermique n’est pas un papier ordinaire, puisqu’il contient du Bisphénol. Le BPA est un perturbateur endocrinien qui peut migrer au travers de la peau et pouvant provoquer des dérèglements hormonaux voire des maladies cardiovasculaires. Manipuler un ticket de caisse papier serait donc très dangereux puisqu’il transférait une quantité importante de BPA sur les mains, contaminant ensuite la nourriture ingérée. Aujourd’hui, depuis son interdiction en 2015, le BPA a été remplacé par le Bisphénol S ou le Bisphénol F qui, étant donné le peu d’études réalisées, pourraient être tout aussi dangereux. En effet, il semblerait que les structures du BPS et du BPF soient très similaires à celles du BPA. 

 

Outre l’enjeu de santé publique, l’impact environnemental du ticket de caisse est également considérable. On estime que leur production  représente dans le monde 25 millions d’arbres, 18 milliards de litres d’eau et 22 millions de barils de pétrole. 

 

Plusieurs lois sont à l'œuvre afin de programmer sa disparition. C’est le cas notamment en France du projet de loi sur l’économie circulaire de 2023.

 

L’apparition du ticket de caisse au format numérique participe également à l’évolution des techniques et approches publicitaires, ainsi que d’aller plus loin dans le développement de la relation avec les clients. L’e-ticket est aujourd’hui l’outil le plus efficace permettant non seulement d’identifier les clients, d’enrichir le CRM en récupérant les adresses email, mais aussi d’interagir avec les clients grâce à l’email transactionnel.

Ticket de caisse dématérialisé par mangoo ID

Appelé ticket de caisse digital, ticket de caisse dématérialisé, e-ticket, ou encore ticket de caisse électronique ce dernier peut être transmis par email, par sms, dans l’application du marchand ou sur le compte client de la marque. Cette initiative permet aux consommateurs d’avoir enfin une trace indélébile de leur achat pour les retours, échanges, garanties notes de frais… Pour les enseignes, il s’agit d’un outil important pour digitaliser leur relation client et éventuellement mieux connaître leurs clients.

 Enfin, l’impact RSE lié à l’économie d’un papier toxique est important pour les enseignes et pour les clients qui sont de plus en plus sensibles aux enjeux écologiques.

 

 

L’histoire du ticket de caisse est toujours en marche. En tant que consommateur, nous rêvons du jour ou nous pourrons retrouver nos tickets de caisse dans notre application bancaire sans se poser de questions. S’il existe aujourd’hui des freins techniques mais aussi liés à l’écosystème, les législations permettront probablement d’ici quelques années de consulter ses tickets de caisse comme on consulte ses comptes bancaires.